C’était sa première expérience de chef de mission. Neuf mois au Nicaragua, dans une zone rurale à la frontière du Honduras. Une zone très touchée par l’ouragan Mitch : l’équipe de deux expatriés (dont “mon ami Oscar, médecin gynécologue-obstétricien rencontré au Mexique”) et douze locaux avait donc pour tâche d’améliorer les conditions sanitaires de ses habitants. Une mission assez large, de la construction de puits et de latrines à la réhabilitation de centres de santé, tous dotés de salles d’accouchement désormais, jusqu’à la formation des personnels soignants ou de bénévoles. “L’avantage de travailler dans le domaine de la santé, c’est que l’on fait des choses plus concrètes. C’est en aidant les gens et en les organisant qu’on va les faire bouger.”
“Bouger” semble être le mot d’ordre d’Anne Guilberteau
C’est en tous cas celui qui l’a fait passer de ses études de littérature à une formation en sociologie. “J’ai fait ma maîtrise sur la littérature révolutionnaire au Guatemala. Et je suis tombée amoureuse de ce pays. D’ailleurs, culturellement, je me sens plus proche de ces pays-là. Parce qu’ils bougent, alors qu’ici j’ai l’impression qu’on est paralysé, sclérosé.” Il lui fallait donc trouver le moyen d’y retourner. Elle l’a trouvé en partant en 1996 pour le Mexique, puis la Colombie, pour des missions d’information sur les droits de l’homme. C’est là qu’elle a commencé à faire de la prévention sanitaire, d’abord en tant que bénévole, puis comme volontaire pour la Croix Rouge française. Avant de rejoindre le Nicaragua, pour une mission… pas toujours facile. “Il faut toujours voir les choses du point de vue local. Regarder les gens autour de soi, et s’apercevoir qu’on leur est utile. Si on prend du recul, on pense Seattle, Banque mondiale… On se dit que ce que l’on fait ne sert à rien, et on stresse.” Aujourd’hui, elle prépare un projet de développement de trois ans en Colombie, toujours dans le domaine de la santé, et voudrait partir d’ici quelques mois. Même si elle attend un enfant. “Car, dit-elle, Ce n’est pas possible que la moitié du monde soit comme ça et qu’on laisse faire.”
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